Le temps et les températures ont une influence sur notre humeur et notre bien-être. Cette information est le fruit d’une étude menée grâce à un hédonomètre, un thermomètre des sentiments. Mais ce que nous pensons être vrai ne l’est pas toujours ! Voici un tour d’horizon des liens entre météo et bonheur.
Francis Ysidro Edgeworth, l’inventeur de l’hédonomètre
C’est Francis Ysidro Edgeworth, économiste irlandais, qui a imaginé le premier hédonomètre, véritable baromètre du bonheur. Il en a parlé pour la première fois dans les années 1880 dans son ouvrage « Mathematical Psychics ». Sa machine psychophysique enregistre le degré de plaisir des individus, grâce à un genre d’aiguille de sismographe. Celle-ci reste sur 0 lorsque la personne ne ressent rien et varie de plus en plus vers le haut lorsque le niveau de satisfaction est positif. Cet hédonomètre du bien-être subjectif estime l’influence de nombreuses variables comme le niveau d’études, le revenu, le nombre d’amis ou encore la richesse du pays dans lequel vit l’individu. Plus tard, il a été utilisé pour mesurer l’influence du temps sur 84 étudiants américains. Sans grande surprise, ceux interrogés un jour ensoleillé étaient plus heureux que ceux contactés un jour de mauvais temps.
Les critères météorologiques attribués au bonheur
La luminosité
Le premier critère météo qui a un impact sur le bien-être est physiologique : la luminosité. Celle-ci agit sur le taux de sérotonine, une hormone aussi connue comme étant une « hormone du bonheur ». De plus, cette luminosité facilite les activités à l’extérieur : balades, farniente sur la plage, détente en terrasse ou pique-nique dans un parc. Quand le soleil brille, la majorité des gens se sent bien.
La température
D’une part, les préférences de température dépendent des salaires gagnés et des dépenses liées au logement. Les classes les plus aisées acceptent de payer des factures d’électricité plus élevées. Dans les pays les plus froids, pour se chauffer et dans les pays chauds pour climatiser. De même, elles sont prêtes à recevoir des salaires plus faibles pour vivre dans un endroit qui correspond à leurs préférences climatiques. D’autre part, et ce globalement, les gens préfèrent des hivers doux et des étés de chaleur modérée.
L’humidité
La température et la luminosité ne sont pas les seuls éléments météorologiques qui déterminent notre bien-être ou mal-être. L’humidité joue aussi un rôle important, surtout lorsqu’il fait chaud. En effet, l’humidité bloque l’évacuation de la chaleur corporelle par la sudation. Les individus sont donc plus sujets à des coups de chaleur. Quant à la pluie, elle est appréciée seulement lorsque la température est élevée.
L’été ne rime pas forcément avec bonheur
En règle générale, l’arrivée des beaux jours rend les gens heureux. Ciel bleu, jours plus longs, soleil qui caresse la peau, maillots de bain, attitude zen…Mais, contrairement à ce que l’on pourrait croire, ce n’est pas le cas pour tout le monde. Si la dépression estivale touche moins de 1% de la population, elle se caractérise par un déficit de sommeil, de la fébrilité et de l’irritabilité. Voici les causes de ce mal-être :
Trop de luminosité
Pour certains, un surplus de luminosité peut causer un mal-être profond. L’ensoleillement modifie la production de mélatonine et bouscule parfois le rythme circadien. La chaleur peut aussi empêcher de bien dormir. Une partie de la population redoute les beaux jours. Ces personnes sont anxieuses dès l’arrivée du printemps.
Un enthousiasme normé
Voir tous ces gens si heureux à l’annonce de l’été peut donner le cafard. La saison du bonheur ne fait pas l’unanimité, le blues estival existe. Cette norme enthousiaste peut rendre certains tristes. Les températures qui grimpent créent un emballement médiatique : personnes qui sourient et qui portent des lunettes de soleil, qui profitent des points d’eau, qui mangent une glace entre amis…c’est comme si personne n’avait le droit de se sentir triste. En découle un sentiment de solitude et d’exclusion. Autant en hiver il est perçu comme normal de vouloir rester chez soi, autant en été, ne pas vouloir sortir et profiter peut être interrogé, voire jugé.
Un bonheur inaccessible pour certains
Dans notre culture, le bonheur est associé à l’été, aux vacances, à la plage. Le souci est que ce bonheur-là n’est pas accessible à tous. Beaucoup de personnes n’ont pas les moyens de prendre des vacances, de partir au bord de la mer. La précarité financière et la vulnérabilité psychologique sont sous-estimées. Des milliers de français passent l’été à travailler et à vivre dans un petit appartement sombre. Aussi, les mois estivaux peuvent être synonymes d’angoisse, car il y a trop de monde, il fait trop chaud et on prend des coups de soleil.
La comparaison aux autres
L’été, il est facile de se comparer aux autres. Pendant que les collègues et amis collent au modèle rêvé, on peut être enfermé.e dans un bureau où il fait trop chaud ou trop froid, à envoyer des emails qui recevront probablement une réponse automatique annonçant des congés. À la période estivale, aussi, on vit davantage dehors et la vie sociale des autres est plus observable. Cela peut être difficile à vivre psychologiquement si on est un peu déprimé.e ou si on manque de confiance en soi. Les autres sont toujours plus beaux, ils ont plus d’amis.
L’émergence de complexes
Lorsque le soleil fait son apparition, les corps se dévoilent et sont en ébullition. On regarde les autres avec envie, on se sent obligé.e de paraître sous notre meilleur jour, portant des vêtements trop légers à notre goût. Il est souvent difficile pour une femme de se montrer en maillot sur une plage, d’attirer les regards. Les complexes s’appliquent aussi à la vie amoureuse, l’été étant présenté comme « la saison des amours ». Quand vous êtes seul.e, on vous fait croire que l’été va vous apporter des rencontres. Si ce n’est pas le cas, ce peut être compliqué à vivre.
Globalement, les êtres humains sont plus heureux lorsque le ciel est bleu. Il ne faut toutefois pas généraliser, car soleil et chaleur sont parfois synonymes de mal-être. Pour construire un monde meilleur et aider des milliers de personnes à avoir des déclics et à aller mieux, vous pouvez faire un don !
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