On pense généralement qu’un travail épanouissant est gage de bonheur, mais les études montrent que le phénomène est plutôt inversé: c’est le fait d’être heureux qui aide à s’épanouir dans sa vie professionnelle.

Pour être heureux faut-il aimer son travail?

Selon l’écrivain et journaliste Alain de Botton, le travail était autrefois perçu comme: « Un châtiment pour le péché originel, que l’on s’efforçait d’accomplir le plus rapidement possible puis d’oublier dans l’alcool et la religion »… Aujourd’hui, c’est devenu une obligation culturelle: « Dans notre société de l’accomplissement personnel, le travail est devenu l’un des principaux vecteurs de la réalisation de soi », confirme le sociologue Vincent de Gaulejac.

On pourrait penser qu’un travail qui nous plaît est une condition essentielle au bonheur, or les chercheurs ont tendance à montrer que c’est plutôt l’inverse qui se passe: il faudrait être heureux pour décrocher le job de ses rêves. Des études de l’université de Californie Riverside montrent en effet que les gens qui ont une vision plus positive de la vie sont plus satisfaits de leur travail et sont plus performants. Une étude sur des commerciaux en assurance-vie a révélé que les salariés plus positifs vendaient 37 % de plus que leurs collègues.

Une autre étude a démontré que les jeunes diplômés les plus épanouis décrochent plus facilement des entretiens d’embauche. Des jeunes heureux à l’âge de 18 ans se retrouvaient huit ans plus tard dans des carrières plus prestigieuses et plus rémunératrices que ceux ayant un niveau de satisfaction inférieur.

Par ailleurs, les salariés témoignant d’un niveau élevé de bien-être à un instant T présentaient :

-une productivité supérieure deux mois plus tard

-un soutien de leurs collègues plus important à vingt mois

-de meilleures évaluations de leurs supérieurs hiérarchiques à cinq ans.

Explications

Des expériences de laboratoire de psychologie sociale expliquent ce phénomène : les personnes qui cultivent des émotions positives se fixeraient des objectifs plus élevés et seraient plus créatives. Les chercheuses de l’université de Californie Riverside avertissent toutefois: il ne suffit pas de multiplier les postes de “chief happiness officers” pour avoir des salariés heureux, le bonheur est une notion subtile et personnelle.

« Remettre le travail à sa juste place est vital, certifie la psychanalyste Marie Hélène Brousse. Il faut accepter le fait que le travail idéal n’existe pas, que la vie professionnelle n’est pas tout et que l’on ne peut pas tout avoir en même temps. » Ce qui manque à notre travail peut et doit être cultivé ailleurs.

Sources:

https://www.usinenouvelle.com/ https://www.psychologies.com/