Dans son précédent livre, Aymeric Patricot décrivait des vies souvent moroses, pleines de désillusion et de déception. Son nouveau livre Les vies enchantées, se veut être « une enquête sur le bonheur. ». Cette enquête se construit selon 6 formes du bonheur, en rassemblant des témoignages incroyables d’anonymes et de célébrités. Quelles conclusions tirer sur ce qui nous procure du bonheur ?
La démarche de l’auteur
Né en 1975, Aymeric Patricot est diplômé d’HEC, ancien attaché culturel à l’ambassade de France au Japon, il abandonne sa carrière pour passer l’agrégation de lettres modernes. Enseignant dans les collèges, lycées puis classes préparatoires, il publie à partir de 2006 des romans sombres comme Azima le rouge, Suicide Girls, L’Homme qui frappait les femmes, mais aussi des essais portant sur des réalités difficiles comme Autoportrait du professeur en territoire difficile ou sa dernière enquête qui a suscité un vif débat : Les petits blancs. C’est donc un tout nouveau défi pour lui que de partir à la rencontre des gens heureux dans le monde actuel. « Je ne les ai pas fait beaucoup parler, j’ai préféré laisser vaquer mon imagination, je craignais les discours forcés, les répliques convenues ». Selon lui, le bonheur perd tout sens si on l’évoque par soi-même : il doit être observé par un tiers. Il nous retranscrit ainsi ses échanges et les portraits d’anonymes et d’écrivains célèbres comme Montaigne, Aragon, Beauvoir, Céline, Proust et Colette.
Une véritable enquête sur le bonheur
« Le bonheur est le franchissement des obstacles » comme l’écrit l’auteur en préambule. Tous les gens heureux décrits dans ce livre ont trouvé un moyen de s’arranger avec la vie et ses tourments pour atteindre une forme de bonheur.
L’auteur a déterminé six catégories d’accès au bonheur. Un classement poétique qui résume les différentes manières d’aborder l’existence. Chaque groupe rassemble quatre témoignages réels pris dans la réalité de la société français et un auteur français connu. Ainsi trouve-t-on le bonheur par expansion avec Montaigne comme symbole, par dispersion avec Aragon, par opposition avec Céline, par sublimation avec Proust, par synthèse avec Beauvoir et par dilution avec Colette.
Le bonheur réclame de bien se connaître et de la persévérance pour savoir aller vers ce qui nous rend heureux. Le bonheur est avant tout une question de volonté et de discipline pour certains. C’est aussi accepter d’être en marge d’une société qui dicte des exigences et des normes et refuser les pressions du milieu professionnel.
La liberté apparait comme une alliée qui demande un certain art de vivre, car elle peut inclure une forme de solitude ou de détachement vis-à-vis des autres. Le bonheur est donc aussi une question d’équilibre toujours fragile.
On découvre ainsi qu’un père de famille peut puiser son bonheur dans le simple fait d’être père, la dilettante dans son inconstance, que le cynisme peut être une condition au bonheur du cynique et que n’avoir rien à faire est le plus grand bonheur de l’oisif.
Mais ce qu’on découvre surtout à travers ces témoignages c’est que le bonheur ne répond à aucune recette universelle, mais que chacun l’a trouvé en cultivant ses vices ou défauts. Un livre pour le moins à contre-courant qui aide aussi à accepter nos parts d’ombre.
Sources: https://www.lci.fr / http://www.aymericpatricot.com/ L’express
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