Epicure parlait déjà de bonheur il y a plus de deux millénaires, le bonheur est donc resté une quête de l’humanité à travers le temps. De nos jours, les réflexions sur le bonheur sont devenus des sujets de société et ne sont pas réservés aux philosophes, la quête du bonheur est présente partout autour de nous.
Pourquoi cette quête continuelle?
Comment se fait-il que nous soyons davantage en quête de bonheur qu’heureux? Si nous cherchons tant le bonheur, pourquoi ne le trouvons-nous pas? Dans son livre The Happiness Myth (« Le mythe du bonheur »), l’auteur montre que toutes les formes de bonheur ne sont pas forcément compatibles. Ainsi si nous sommes très heureux sur un certain plan, il est possible que cela nous empêche d’expérimenter d’autres façons d’être heureux. Nous ne pouvons donc pas vivre tous les bonheurs possibles de façon pleinement épanouissante.
Il y a également un autre phénomène appelé par les psychologues “principe de Pollyanna”. D’après ce principe, à moins d’être dépressif, nous nous souvenons bien mieux des expériences positives que des négatives. Nous avons tendance à embellir nos souvenirs et nous illusionner sur le futur. Mais grâce à cet aveuglement, nous sommes capables d’endurer le présent, dans sa trivialité ou sa dureté et nous bataillons encore et encore pour le bonheur.
Les chercheurs ont aussi révèler un autre phénomène entretenant notre quête du bonheur: l’adaptation hédonique : nous sommes motivés par toute la joie qu’un objectif ou évènement va nous apporter. Une fois l’objectif atteint, nous connaissons un court moment de bonheur, puis revenons rapidement à notre état « normal », et recommençons ainsi à courir après un autre objectif… Le sentiment de bonheur ne s’installe jamais pour longtemps…
Une quête contemporaine
La quête du bonheur actuelle est “normalisée”: on nous dit quoi faire, comment vivre, comment prendre soin de nous, on nous donne des méthodes toutes faites. Pour le philosophe Roger-Pol Droit, spécialiste des sagesses antiques “La quête de bonheur contemporaine a de particulier, selon moi, qu’elle passe essentiellement par le corps : il s’agit de se fabriquer un corps en bonne santé, svelte, bio, énergique. Au lieu de faire ce que l’on veut de sa vie et de son corps, ce qui pourrait être une manière d’être heureux, on obéit à des critères très contraignants, dont les effets sont toujours reportés dans l’avenir : combien de temps doit-on faire de la gym pour être enfin heureux ? À quel moment sera-t-on arrivé ?”. Pour le philosophe et écrivain Pascal Bruckner “L’hédonisme contemporain, marqué du sceau du « toujours plus », porte en lui même l’insatisfaction qu’il prétend guérir. Paradoxe tragique : nous sommes les premières sociétés dans l’histoire à se rendre malheureuses de ne pas être heureuses (…) Il existe des moments de grâce qui vont et viennent et sur lesquels nous n’avons d’autre pouvoir que de les accueillir quand ils nous arrivent. Au-dessus du bonheur, je place une valeur supérieure : le romanesque. Je préfère une vie intense remplie d’imprévus, agréables ou douloureux, à une vie heureuse et monotone. Pouvoir accueillir cette existence avec ses revers et ses délices, aimer sans compter, s’exposer aux plus grandes jouissances et aux plus grandes souffrances, c’est peut-être cela que les Anciens appelaient « la vie bonne ». Une vie où ce petit territoire appelé le bonheur n’aura pas été l’obsession.”
Sources
http://www.lepoint.fr/ http://www.nicolassarrasin.com/ https://www.psychologies.com/
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